Park Chan-Wook m'avait habitué à plus de surprise.
Dans Stoker, finalement, le scénario est classique, presque banal. Le dénouement prévisible (bande-annonce à éviter). On assiste simplement à la naissance d'une tueuse. Tel oncle, telle nièce. Le paternel l'avait sans doute compris depuis longtemps et cherchait à canaliser cette violence sous-jacente, mais cela ne suffira pas. De chrysalide, poussé par ce parent au demeurant inquiétant qui fait alors irruption dans sa vie, elle deviendra un papillon. Une créature calme, magnifique, mais inhabituellement mortelle.
L'un des points forts du film est le personnage de l'oncle, participant pour beaucoup à l'atmosphère anxiogène. L'ensemble est esthétique, et c'est l'autre atout de Stoker. Tout tourne autour d'India et de son univers, ce qu'elle ressent et ce qu'elle entend, ce qui est important pour elle et son évolution. La caméra s'attarde par exemple souvent sur ses pieds et ses chaussures, ils représentent le lien avec l'oncle ; on entend amplifié ce bruit de coquille d’œuf qui cède et on imagine très bien des os craquer sous ses doigts... Je regrette néanmoins que la métamorphose soit si calme, presque trop maitrisée. Pas d'explosion réelle, on demeure au bord de l'extase sans jamais l'atteindre (au contraire d'India). J'ai souvent eu l'impression que la tension, bien que forte, ne m'atteignait pas vraiment, ou très peu. Assez frustrant !
Malgré tout, Stoker demeure un bon cru ; le récit, bien que classique, reste attirant grâce à une jolie mise en scène. Pour un premier essai américain, Park Chan-Wook a réussi son coup.