La mère adoptive maléfique...
Un frère et une sœur, placés chez une nouvelle mère adoptive dans une maison isolée, découvrent un rituel terrifiant qui bouleverse leur réalité et les confronte à des forces...
le 4 juil. 2025
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Attention, spoilers légers
Les frangins Philippou sont déjà à l’origine d’un des films d’horreur les plus remarquables de ces dernières années avec Talk to Me, sorti en 2022 et premier long du duo. Leur retour était donc très attendu, et le hasard fait que comme pour Zach Cregger, lui aussi petit nouveau qui vient de sortir Weapons (dans un registre plus fun), il s’est écoulé le même laps de temps avant que leur deuxième film arrive dans nos salles.
Bring Her Back frappe d’abord par son esthétique. Une photographie qui désature crescendo alors que l’on sombre dans la psychose jusqu’à devenir cadavérique, et un travail sur les liquides (sang et eau) qui va jusqu’aux transitions du montage, qui confèrent une poésie macabre à l’ensemble, jusqu’au plan ultime.
On peut aussi relever l’usage de la mise au point de la caméra pour nous faire basculer de la quasi cécité de Piper à une vision régulière. Le choix d’une protagoniste aveugle nous plongeant d’ailleurs dans la petite niche de l’horreur handicapée (Hush, Don’t Breathe, Los Ojos de Julia…) qui part avec un avantage certain tant la privation d’un sens, déjà effrayante dans la vie quotidienne, permet de créer un décalage entre ce que le spectateur sait et ce que le personnage perçoit, faisant redouter davantage les conséquences de son ignorance alors qu’on le voit s’engouffrer inconsciemment dans la gueule du loup.
Bring Her Back, c’est aussi l’image littérale de l’adage “on est ce qu’on mange”. Ollie dépasse ainsi la simple figure de l’enfant diabolique derrière ses airs d’ange pour tirer du côté de l’ours muté de Annihilation qui assimile ses proies pour mieux les reproduire. L’occasion pour Danny et Michael Philippou de livrer l’une des scènes les plus physiquement éprouvantes qu’il m’ait été donné de voir et fait une démonstration éloquente du talent des frères australiens. Celle de la cuisine, où rien que la saisie d’un couteau et la découpe d’un melon hérissent le poil grâce à la force des bruitages, à la tension qui a été bâtie jusqu’alors. Et ce payoff, fait de croquements anormaux, de déchirure labiale et de terreur inouïe…. Sans doute suis-je particulièrement sensible à cause d’opérations dentaires récentes impliquant une fissure de la molaire en plein repas (et le bruit tonitruant en bouche qui va avec), mais rien que de repenser à cette scène me file la chair de poule.
Une horreur visuelle donc, servie par des effets spéciaux particulièrement sauvages, qui va main dans la main avec une horreur psychologique encore plus dure. Les interférences de plus en plus intrusives de la mère d’accueil mènent à un gaslighting terrifiant de chaque enfant, dans des directions différentes pour les retourner l’un contre l’autre. Un rappel qu’il est bien ardu de contrôler ce qui se passe réellement dans les foyers d’accueil où les plus vulnérables sont livrés aux mains de parfaits étrangers. Si des contrôles sont bien en place, il existe aussi une béance dans les financements alloués par l’Etat qui laissent la place à proxénétisme, violences et autres atrocités (cf ce podcast France Culture par exemple).
Et si l’on comprend que la douleur pousse Sally Hawkins à commettre ces actes, leur planification sur le long terme n’en reste pas moins glaçante. Quant à la source de son savoir occulte, ces cassettes tout droit sorties des cauchemars snuffs d’un vide-grenier infernal, ils ont cet effet dérangeant qu’avaient les films familiaux de Sinister. De par leur patine qui laisse présager de nombreuses utilisations, leurs espaces liminaux, et l’emploi d’une langue inconnue, ils sont les archives du mal telles que je me les imagine. Je soupçonne d’ailleurs les petits bandeaux explicatifs d’être un ajout post-projections test, afin que le public comprenne bien les étapes du processus. Dommage que les images n’aient pas suffit à faire le travail d’exposition.
Vous l’aurez compris, je suis conquis par Bring Her Back, beaucoup plus que par Talk to Me. Et si Weapons a fait de Cregger un nouveau cador de l’horreur à mes yeux, cette œuvre-ci fait de même pour les deux frères. Je ne peux que m’en réjouir.
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Créée
le 15 oct. 2025
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