Le film des frères jumeaux australiens Michael et Danny Philippou aurait pu n’avoir aucune scène d’horreur. L’histoire est celle d’un frère et d’une sœur adolescents issus d’une famille recomposée qui, après le décès de leur père, se retrouvent accueillis par une femme seule dans une maison isolée qui utilise ses connaissances de psychologue pour mettre en place un jeu de manipulation inquiétant. L’ambiance pesante et malaisante du récit aurait ainsi pu suffire pour provoquer la tension du spectateur.


Toutefois, et cela dès les premières images, on comprend que ce qui sera donné à voir aura pour fond d’étranges pratiques sanglantes visibles sur une VHS qui mettront à l’épreuve le corps et la chair des personnages. Mais il faut le dire tout de suite : les scènes d’horreur ne sont pas gratuites et servent une belle histoire de deuil impossible, de non-dits, et de relation fraternelle.


La première scène du film, dont on comprendra l’importance plus tard, montre le personnage de la sœur, malvoyante, se faire moquer par un groupe de filles. Son frère, venu la raccompagner chez eux, ne lui dit pas la vérité tout en prétendant le faire : il préfère, comme elle-même le comprend un peu plus tard, lui présenter le monde plus beau que ce qu’il n’est en réalité. Le flou dans lequel vit la jeune sœur, n’ayant que les descriptions de son frère pour imaginer le monde, lui sert ainsi de protection. Mais lorsque plus tard dans le film, elle comprend que son frère lui a caché un élément important de leur foyer familial, la confiance entre eux est mise à l’épreuve, facilitant la manipulation de la femme qui les accueille.


Le film avance en mettant de plus en plus de pression sur le frère, sorti de la photo à peine arrivé dans la maison d’accueil (la femme prend un selfie avec eux où seules elle et la sœur sont visibles). Et puis au fur et à mesure de la tension grandissante, il y a un autre personnage dont on ignore encore le rôle : un jeune garçon mutique qui déambule dans la maison comme un fantôme (ou un zombie). Ce sera lui qui sera responsable des scènes d’horreur.


Mais ce qui est beau dans le film c’est qu’il réussit à faire un film d’horreur sans monstre.

Le garçon mutique, qui aurait apparemment cette fonction, se révélera en réalité plus victime que menace. Même la femme d’accueil, qui serait la véritable monstre derrière les apparences, a des motivations humaines qui la pousse à la fin du film à abandonner ses projets terrifiants. On aurait pu craindre à un retour des morts ou à une manifestation du mal mais le film se situe subtilement en dehors du bien et du mal.

Olivier09
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le 4 août 2025

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Olivier09

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