4ème film que je découvre du cinéaste et il confirme que Shin Sang-ok est un des meilleurs cinéastes du pays même si aucun titres ne peut mériter le rang de Chef d'oeuvre. Celà dit celui-ci possède une réelle importance historique puisqu'il fut le premier à sortir des studios pour une peinture sociale forcément inspirée du néo-réalisme : tournage en pleine rue sans autorisation, plan volés de vrais prostituées racolant des GI's, pratiquement aucune musique extradiégétique, une volonté de donner une image réaliste et cru de la ville entre bidon-ville, marché noire et "pute d'amerloques" comme se décrit un personnage féminin !


C'est assez réussi de ce point de vue là et Shin délaisse le cœur (économique) de Séoul pour se recentrer sur les déserts périphériques avec ses cabanons sordides et ses terrains vagues. La première demi-heure est vraiment d'un bon niveau avec un style dépouillé et sans artifice.
Mais le néo-réalisme (et les films progressistes japonais fin 40's ; début 50's) n'est pas la seule influence du cinéaste qui emprunte aussi aux mélodrames et aux films noirs US (pour ne pas dire le western). La partie mélodramatique est assez banale avec sa rivalité entre les deux frères causée par la copine du premier qui séduit le second. Malgré un très beau flash-back qui passe du présent au passé dans le même plan, ça manque d'originalité tout en dévoilant les faiblesses de la mise en scène (maquillage grossier, bruitage maladroit, approximation dans le découpage, manque de rythme).
Sans parvenir à combler les lacunes de la mise en scène (surtout la gestion de l'espace), il se rattrapera dans les 20 dernières minutes qui ne manque pas de lyrisme avec un longue poursuite quasi muette qui commence par une séquence d'attaque de train pour finir par une fusillade en voitures avant de finir dans une traque dans un marécage. Dans tous les cas, on sent un souci d'intégrer la situation dans un paysage qui reflète la tension du moment : une vallée entourée de montagnes escarpées et ce marécage qui évoque bien-sûr la déchéance morale et sociale des protagonistes.
Les derniers moments où les personnages peinent à avancer, enlisés dans la boue, sont assez marquant, avec un très belle photo, et renvoient au Gun Crazy de Lewis.


Avec une post-production plus soignée (un montage plus serré et un mixage moins bâclé), on aurait pu être devant un véritable classique.

anthonyplu
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le 30 déc. 2017

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anthonyplu

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