Imaginez-vous un macrocosme où des télé-écrans épient vos discussions et scrutent les moindres mouvements qui pourraient vous trahir, là où vous auriez tranquillement pu visionner la dernière saison en vogue sur Netflix ou une énième défaite du PSG en ligue des champions sur votre télévision. Imaginez-vous également un monde où le passé est déconstruit puis remodelé au profit d’une oligarchie, où l’œuvre dangereuse de l’esprit s’épuise progressivement et se servilise et où une instruction robuste robotise les masses pour assurer la pérennité du système. Imaginez-vous enfin un univers où la nature humaine est elle-même étouffée. Les attirances échauffées ne se réalisent plus en coïts érotiques passionnés, les reproductions sont drastiquement contrôlées et les relations collectives et la confiance sont altérées par un individualisme croissant au service de Big Brother, le tout dans une « novlangue » restrictive appliquant le principe de la double-pensée pour détruire toute communication expansive. Ce monde-là est celui de Georges Orwell qui présente dans une dystopie saisissante le risque d’une dictature de demain, sans mémoire, sans capacité de raisonner, sans fraternité, sans liberté. En reprenant des éléments factuels de périodes sombres de l’histoire tels que le totalitarisme nazi et bolchévique, l’auteur détaille la vie solitaire de Winston pourri par la crainte d’être tué mais tout de même assez paradoxalement téméraire pour se rendre au chevet de la belle Julia, le tout autour du mystérieux et impénétrable O’Brien et des ambitions qu’il leur voue.