La classe française

Classe moyenne est une comédie de lutte des classes aux dialogues formidablement ciselés et prononcés par des acteurs et des actrices qui s'en prennent à cœur joie (Laurent Laffitte est décidément redoutable). L'humour méchant joue sur plusieurs tableaux, de la réplique gonflée de mépris au défi physique malaisant, en passant par le comique de situation et même l'humour potache.

Ce n'est qu'entre eux que les personnages de cette comédie humaine sont méprisant, la caméra semble se contenter les regarder, comme si tout se mettait en route tout seul et qu'il suffisait juste de s'asseoir et d'observer.

On jubile donc pendant la première moitié du film, qui tient son rythme soutenu. Quand la cruauté relaie la méchanceté, on pourrait espérer qu'elle aille un peu plus loin.

Plus sage que les films de Jean-Christophe Meurisse, Ruben Ostlund ou Bong Joon-oh (Classe moyenne est quand-même comparé à Parasite), le premier film d'Anthony Cordier ouvre sur le consensus entre les deux classes extrêmes, que la possibilité d'un transfuge (une "classe moyenne" entre le prolétariat et la bourgeoisie), d'origine immigrée qui plus est, est ridicule : se mélanger, faudrait quand-même pas abuser ! L'armistice impossible de ce huis clos en terrain cossu n'est faisable que sur le dos des transfuges, considéré comme des traitres par les uns et comme des imposteurs par les autres. Du conflit physique, on passe alors à une guerre froide, sous le soleil provençal. Un peu simpliste, pas forcément assez radical, mais très drôle cependant (et ce casting quatre étoiles, où, miracle, même Noée Abita est pas trop mal !!),Classe moyenne est une bonne comédie française, pas si débile et plutôt plaisante à regarder.