Sirāt
7.1
Sirāt

Film de Oliver Laxe (2025)

SIRAT est une œuvre profondément dérangeante, choquante et révélatrice d’un monde qui se désagrège. Il n’est pas compliqué de déceler les messages et les ressorts de SIRAT tant ils apparaissent évident dans un monde en plein tournant. Cette idée de suivre des nomades, des marginaux qui vivent à la lueur du désert chaud et dangereux, se frayant un chemin vers des fêtes qui sont hors de toutes situations politiques et militaires est brillante. On installe une forme de déni qui est de moins en moins supportable, il est de plus en plus difficile de passer à côté de cette descente aux enfers qui entraîne nos personnages à confronter l’horreur de la guerre de plein front. Tant sur le plan physique que sur le plan métaphorique, le film interprète les victimes collatérales de la guerre. Il n’est pas toujours question de soldats qui tirent sur d’autres soldats mais bien d’une guerre qui touche tout le monde à tous les niveaux. Telle est le chemin du film de guerre, on s’attaque profondément à l’innocence de personnes voulant vivre en dehors de la société, en dehors de la guerre. Le SIRAT est le chemin entre le paradis et l’enfer et représente l’étroitesse du chemin qui sépare les deux, rendant le déni et l’oubli de la situation géopolitique impossible, n’étant plus en capacité d’oublier les éléments déclencheurs, les victimes, les morts, les dangers… Et c’est pour cette raison que le voyage est fort, incarnant à merveille les victimes mutilées jusqu’aux sévices corporelles. Le message est puissant et la mise en scène démonstrative. Néanmoins j’aurai aimé un rythme plus actif et moins contemplatif parce que ça vient souvent couper l’action du film très subitement ce qui ralentit considérablement le film par moments. C’est visuellement très jolie mais le film ne parvient pas à développer son intrigue et son identité visuel en même temps ce qui peut être problématique. La bande d’acteurs est incroyable, très convaincante sur le jeu d’acteur et sur une interprétation sensible des événements du film. Oliver Laxe m’a convaincu et je le suivrai dans ses prochains projets !

Maxou0995
8
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le 3 oct. 2025

Critique lue 12 fois

Maxou0995

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