Danse explosive !
Sur le plan de la mise en scène — visuelle et sonore —, c'est difficile de ne pas s'incliner devant autant de virtuosité esthétique. Il suffit de voir les séquences d'introduction lors de la...
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le 11 sept. 2025
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Il y a des scènes qui nous forcent à regarder et à écouter autrement. Dans Sirāt, c'est celle-ci, nichée dans l'espace clos d'un camion qui coupe les personnages du monde. Un homme, Tonin, chante. Il n'y a pas d'enceinte, pas d'orchestre, juste une voix a cappella qui brise le souvenir de la techno frénétique du début. Devant ses compagnons, il retire sa prothèse. Son moignon, ce signe de sa blessure, il en fait une marionnette grotesque et sublime et chante "Le Déserteur" de Boris Vian.
La caméra d'Oliver Laxe, d'abord fixe sur lui, nous oblige à nous attarder sur les détails : sa prothèse comme une guitare de fortune, sa voix à la fois rocailleuse et lumineuse, qui hésite, qui s'amuse. C'est là que mon propre regard change, d'habitude distrait par la musique, je me surprends à écouter les paroles, à observer chaque geste. Puis Laxe nous montre le contrechamp. Par une série de gros plans, il nous montre les visages des autres, et je partage leur regard émerveillé, presque enfantin. Je me retrouve avec eux, comme spectateur, dans l'intimité de ce spectacle improvisé.
Tout dans cette scène concourt à créer une bulle, un moment suspendu hors du réel. L'espace est confiné, sans extérieur visible, la lumière éclaire les visages et plonge le dehors dans l'abstraction. C'est de cette altérité du monde que les personnages fuient dans leur quête de fête. Les paroles de Vian résonnent alors avec une évidence troublante : cette désertion qu'évoque la chanson, c'est exactement ce qu'ils vivent, cette volonté de s'arracher à un réel non choisi. Cette scène symbolise parfaitement leur utopie. Mais dans ce refuge précaire, le calme en devient inquiétant. Il appelle, par sa seule existence, le retour brutal du réel que le film ne manquera pas de leur infliger.
Créée
le 20 oct. 2025
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