Cover (Més)aventures littéraires (2021)

(Més)aventures littéraires (2021)

Je commence (en retard) à compiler les livres que j'ai lus en 2021, c'est pourquoi les commentaires sont moindres dans les premiers mois, mais s'étoffent rendus en mai.

Janvier : 4
Février : 6
Mars : 4
Avril : 5
Mai : 6
Juin : 5
Juillet : 6

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Liste de

49 livres

créee il y a environ 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

La Chute
7.6

La Chute (1956)

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Albert Camus

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Janvier

Terriblement sombre, un constat effrayant sur la nature humaine, une grande œuvre.

La Nausée
7.1

La Nausée (1938)

Sortie : 1938 (France). Roman, Philosophie

livre de Jean-Paul Sartre

Émile Frève a mis 9/10.

Annotation :

Janvier

L'existentialisme appliqué parfaitement dans une langue clinique à la fois conventionnelle et magnifique. Particulièrement poignant.

Le Château
7.9

Le Château (1926)

(traduction Alexandre Vialatte)

Das Schloß

Sortie : 1938 (France). Roman

livre de Franz Kafka

Émile Frève a mis 9/10.

Annotation :

Janvier

Grandiose et abracadabrante allégorie d'une société alimentée par la peur de l'étranger et du discordant, Le Château nous plonge dans un monde cauchemardesque où le protagoniste contemple sa descente aux enfers sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Œuvre de la fatalité et critique anxiogène d'un système oppressant qui repose sur les plus faibles, Le Château est un récit terrifiant mais grandiose.

Même le mal se fait bien
8.1

Même le mal se fait bien (2008)

Sortie : janvier 2008 (France). Roman

livre de Michel Folco

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Janvier

Rocambolesque, Michel Folco achève sa série dans un capharnaüm composé de va-et-vient chronologiques toujours aussi maîtrisés.

En mer
6.9

En mer

Op zee

Sortie : août 2013 (France). Roman

livre de Toine Heijmans

Émile Frève a mis 5/10.

Annotation :

Février

Amateur, faible, mais abordant correctement, sans trop de prétention, la saturation et le surmenage au travail.

Les Lettres du Yage
7

Les Lettres du Yage

The Yage Letters

Sortie : 1953 (France). Roman

livre de William S. Burroughs et Allen Ginsberg

Émile Frève a mis 7/10.

Annotation :

Février

Fascinant pour l'écriture étonnante et presque contre-intuitive de Burroughs.

En attendant Godot
7.4

En attendant Godot (1952)

Sortie : 1952 (France). Théâtre

livre de Samuel Beckett

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Février

L'absurdité d'une vie de recommencement dénoncée par l'absurde. Succulent.

Les Fleurs du mal
8.2

Les Fleurs du mal (1857)

Sortie : 25 juin 1857. Poésie

livre de Charles Baudelaire

Annotation :

Février

Avant d'apposer une note qui réduirait l'immense ouvrage de Baudelaire à l'appréciation qu'en fait un jeune inculte, je me donne comme mission de le relire maintes et maintes fois afin d'en saisir toute la puissance. Reste que la poésie de Baudelaire est d'une grandeur incomparable.

Les villes de papier
7.8

Les villes de papier (2018)

Une vie d'Emily Dickinson

Sortie : 9 septembre 2020 (France). Roman, Biographie, Essai

livre de Dominique Fortier

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Février

Mise en abyme d'une autrice touchante dressant des parallèles entre la trajectoire de sa vie et de celle d'Emily Dickinson.

Le Monde de Sophie
6.7

Le Monde de Sophie (1991)

Sofies verden

Sortie : 1995 (France). Roman, Philosophie

livre de Jostein Gaarder

Émile Frève a mis 7/10.

Annotation :

Février

Un sympathique survol (probablement trop superficiel) des courants philosophiques. Belle introduction à la philosophie.

L'Enfant de Noé
6.9

L'Enfant de Noé

Sortie : 2008 (France). Essai, Roman

livre de Eric-Emmanuel Schmitt

Émile Frève a mis 6/10.

Annotation :

Mars

Kukum
7.9

Kukum (2019)

Sortie : 16 janvier 2020 (France). Récit, Roman

livre de Michel Jean

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Mars

Pour comprendre le traumatisme des Premières Nations du Québec, celles qui ont refusé le progrès occidental et qui, au lieu d'être écoutées, ont vu leur milieu s'effondrer.

L'Idiot
8.4

L'Idiot (1870)

(traduction André Markowicz)

Idiot

Sortie : 1993 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Mars

Dissection de la société et des relations humaines, L'Idiot est une grande œuvre parfois confuse qui n'est pas seulement à propos de l'être humain, mais qui reproduit par son écriture l'esprit humain, sibyllin et contradictoire.

Pour un avis plus complet, voir ma critique.

Acide sulfurique
6.5

Acide sulfurique (2005)

Sortie : 24 août 2005. Roman

livre de Amélie Nothomb

Émile Frève a mis 5/10.

Annotation :

Mars

Propos intéressant, réalisation aberrante tant le manque de subtilité est flagrant.

La Cerisaie
7.7

La Cerisaie (1904)

(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)

Višnëvyj sad

Sortie : septembre 2002 (France). Théâtre

livre de Anton Tchékhov

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avril

La simplicité renversante de l'écriture qui touche inéluctablement. Le regard humaniste sur des êtres nageant dans les contradictions. La nostalgie jamais aussi bien restituée.

Pour un avis plus complet, voir ma critique.

Le Père Goriot
7

Le Père Goriot (1835)

Sortie : 1835 (France). Roman

livre de Honoré de Balzac

Émile Frève a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avril

Analyse d'une société extrêmement codifiée aliénant chaque être humain sans discrimination pour les classes, mais encourageant à la discrimination entre classes. Le sentiment le plus noble exposé brillamment : l'amour parental.

Pour un avis plus complet, voir ma critique.

La Condition humaine
7.1

La Condition humaine (1933)

Sortie : 1933 (France). Roman

livre de André Malraux

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Avril

Justification du terrorisme, de la vie, de la solitude et de la condition humaine, l'œuvre de Malraux, par son style d'écriture brut et son ambiance pesante, est une perle qui ne manque pas de terrasser le lecteur.

Pour un avis plus complet, voir ma critique.

Cent ans de solitude
8

Cent ans de solitude (1967)

Cien años de soledad

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Gabriel García Márquez

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Avril

Jolie histoire à la fois douce et amère abordant cyniquement l’éphémère d’une vie qui au moment où vient sa fin tombe dans un effroyable oubli, Cent ans de solitude raconte l’épopée rocambolesque d’une famille infiniment étrange où sont condensés humour et tragique, désinvolte et sérieux, ridicule et funèbre. Comme son titre l’indique, l’œuvre de García Márquez a pour sujet premier la solitude et parvient à en parler brillamment (avec assurance et crainte, l’équilibre est parfait), mais vient greffer au motif principal une kyrielle de thématiques propres à son auteur dont, probablement celle qu’on retiendra le plus, la notion du temps, déréglée et vicieuse. Sur fond de déterminisme généalogique prédestinant le sort des générations futures (renforcé par un comique de répétition voulant que chaque enfant porte le nom de l’aïeul, du bisaïeul, voire du trisaïeul), Cent ans de solitude est la réflexion lucide, pareille à un bouillon où l’on aurait mélangé des ingrédients désassortis, mais qui, mis ensemble, donnent une saveur délicieuse, d’un auteur qui dépose sur le papier ses tripes ainsi que son cœur, le roman d’un homme sachant manier un matériel foncièrement sombre et le transformer en quelque chose de beau.

Retenons cette phrase d’une indicible puissance : « C’était tout ce qui subsistait d’un passé dont l’anéantissement n’arrivait pas à se consommer, parce qu’il continuait indéfiniment à s’anéantir, se consumant de l’intérieur, finissant à chaque minute mais n’en finissant jamais de mourir. »

Le Joueur d'échecs
8

Le Joueur d'échecs (1943)

(traduction Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent)

Schachnovelle

Sortie : 1944 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Avril

La partie d’échecs, reconstituant à plus petite échelle le principe de guerre, se voit ici manipulée avec brio dans le but d’illustrer l’affrontement de classes, mais aussi l’opposition entre national-socialisme et communisme et, de façon encore plus large, le conflit imminent entre l’Allemagne et le reste de l’Europe. Court ouvrage à l’histoire simple, Le Joueur d’échecs est le témoignage d’une époque hantée par le désespoir où la vie humaine semble vaine. De la confrontation sur le damier entre Czentovic et M.B…, il n’y aura point de vainqueurs, tout au plus des vaincus ayant la conviction d’avoir gagné. Voilà comment Zweig pose un regard lucide (et fondamentalement sombre) sur la Seconde Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement, d’auto-anéantissement, de suicide collectif où, quelle qu’en soit l’issue, la destruction sera la seule et unique conséquence. Dualité de l’être humain (représentée par les deux couleurs sur l’échiquier), déterminisme social opposant les deux joueurs (ils ont chacun une façon de jouer qui se justifie par leur origine sociale, l’un usant d’une logique impulsive, l’autre ayant recours à une analyse détaillée du jeu) et pessimisme des temps de guerre se conjuguent dans la brillante histoire qu’est Le Joueur d’échecs. L’interprétation qu’on peut en faire à plusieurs différents degrés rend encore plus exquise l’ultime œuvre de Zweig.

1984
8.3

1984 (1949)

(traduction d'Amélie Audiberti)

Nineteen Eighty-Four

Sortie : 1 juillet 1950 (France). Roman, Science-fiction

livre de George Orwell

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Mai

Se situant à mi-chemin entre analyse et anticipation d’un système totalitaire, 1984 s’impose comme la plus puissante dystopie en cela qu’elle n’est que vérité, une vérité future (nageant entre pessimisme et réalisme) où l’humanité n’est plus qu’une vague idée appartenant à l’ancien monde (même processus déjà entamé par les totalitarismes fascistes et communistes du XXe siècle). Avec sa troisième et ultime partie plus glaçante que jamais, 1984 porte un grand coup à l’imaginaire collectif en dépeignant un État qui anéantit toute notion d’unicité, de liberté, d’indépendance et de mémoire, allant même jusqu’à dénaturer, altérer et effacer pour remodeler le passé au profit d’un contrôle plus profond s’immisçant jusque dans l’esprit des citoyens. Jamais les impacts du totalitarisme (dont la déshumanisation semble être la conséquence la plus dévastatrice) n’ont été aussi bien captés en un ouvrage.

Philosophie de Woody Allen

Philosophie de Woody Allen

Sortie : 17 février 2015 (France). Essai

livre de Roland Quilliot

Émile Frève a mis 6/10.

Annotation :

Mai

Doté d'une introduction particulièrement enrichissante et bien construite, je n'ai toutefois pu m'empêcher de remarquer que les analyses des différentes œuvres de Woody paraissaient parfois trop superficielles, manquaient de contenu et faisaient souvent plus office de survol que d'autopsie philosophique comme le titre le laisse croire. Le refus d'aborder (ne serait-ce que durant quelques pages) le style de réalisation de Woody Allen m'a quelque peu refroidi. En ressort tout de même un livre intéressant, mais imparfait.

Carmen
7

Carmen (1847)

Sortie : 1847 (France). Recueil de nouvelles

livre de Prosper Mérimée

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Mai

Publiée en 1847, Carmen est une œuvre encyclopédique en ce sens qu’elle vise à dresser le portrait (plus ou moins subjectif) d’une Espagne bouillonnante de sentiments humains, vieillotte mais encore vigoureuse. En effet, Mérimée devient ici le narrateur, ne cachant à aucun moment que cette nouvelle tient plus de la lettre adressée au lecteur, anecdotique et dénuée d’artificialisation littéraire, que de la fiction romanesque. Restituant de façon clinique un environnement qui, on se l’imagine sans peine, est éclatant de beauté, Mérimée outrepasse la simple ode à une région qui lui est chère et transforme la juxtaposition de souvenirs qu’est Carmen en un voyage à travers les mœurs des provinces espagnoles. Focalisant son regard sur les bohémiens, vagabonds des routes, nomades inassimilables, il parvient à saisir le paradoxe bohémien : ces hommes et ces femmes, revendiquant une liberté totale afin de survivre (on dit d’eux qu’ils « mettraient le feu à la ville pour s’épargner un jour de prison »), voient leur liberté brimée par l’excès de zèle amoureux qui subsiste en leur sein. C’est encore une fois l’occasion de parler d’amour et de mort pour Mérimée, ces deux phénomènes qui ne vivent que par l’existence de l’autre et qui embarrassent inéluctablement l’espèce humaine. Être contraint de tuer par amour, parfois de tuer son amour ; existe-t ’il plus grande antinomie? Remettant en question le concept de morale qui semble s’obscurcir dès lors qu’un contact humain s’établit (le criminel paraît soudainement moins dangereux quand on prend le temps de converser avec), Carmen se distingue par sa singularité de genre, oscillant entre romantisme et anti-romantisme, revêtant à la fois les allures d’une autobiographie mais aussi celles d’un portrait de l’Espagne, se voulant simple mais consacrant un chapitre à l’étude des langues espagnoles, décrivant brillamment sans vraiment décrire, portant toute la contradiction humaine sur son dos.

Woody Allen, un ovni à Hollywood

Woody Allen, un ovni à Hollywood (2008)

Sortie : novembre 2008. Biographie, Cinéma & télévision

livre de Guillaume Evin

Émile Frève a mis 6/10.

Annotation :

Mai

Intéressant, mais sans plus. Les coquilles qui parsèment le texte (confondre Les Fraises Sauvages avec Les Framboises Sauvages, c'est un peu gros) finissent par déconnecter le lecteur du livre. Certaines anecdotes valent la peine ; le côté analyse est toutefois manquant et rend le tout un peu vide.

Moderato cantabile
6.6

Moderato cantabile (1958)

Sortie : 1958 (France). Roman

livre de Marguerite Duras

Émile Frève a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Mai

Douce œuvre chantante, Moderato Cantabile est un récit où l’allégresse des mots donne à la fois un ton joyeux et mélancolique (frôlant le défaitisme dans sa perception du sort humain) au tout. Pour les journées ensoleillées de l’été ainsi que les matins fébriles en bord de mer.

Pour un avis plus étoffé, voir ma critique.

Les Trois Mousquetaires
7.8

Les Trois Mousquetaires (1844)

Sortie : 1844 (France). Roman, Aventures, Histoire

livre de Alexandre Dumas

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Mai

Les Trois Mousquetaires, c’est une incursion dans monde romanesque tout plein d’ambitions démesurées, où la Bastille excite les désirs (particulièrement de renommée) plus qu’elle ne les refroidit, où les mousquetaires ont des envies de se faire abbé et se prennent pour des poètes, où l’autorité n’est qu’un vague concept à balayer du revers de la main, où l’ébullition d’une vision anticardinaliste provoque de déraisonnables querelles, où une seule et même nation s’entredéchire constamment et où la fraternité est magnifiée, les amours, sublimées, la méchanceté, amplifiée. Entre désespoir de l’impécuniosité et gaieté fiévreuse de l’opulence, les héros, incertains dans à peu près tout ce qu’ils entreprennent, tissent leur avenir en forme de montagnes russes, adoptant le rôle de mousquetaire dans l’optique de tromper l’ennui, envisagent leur métier comme un loisir et non pas comme une véritable vocation. Les excès de sentimentalité, la jalousie maladive, les transports absurdes d’amour dont sont victimes les protagonistes et le triomphe des émotions sur la rationalité servent d’ancrage à la douce et sympathique épopée qu’est Les Trois Mousquetaires. Une œuvre qui, s’il est légitime de lui reprocher de verser dans un manichéisme abrutissant, est tellement délectable et jouissive qu’elle éclipse en un instant ses quelques défauts et qu’au final, il ne reste d’elle qu’un souvenir joli, nostalgique et candide à la fois.

Le Nouvel Hollywood
8

Le Nouvel Hollywood (1998)

Easy Riders, Raging Bulls

Sortie : 29 août 2002 (France). Essai

livre de Peter Biskind

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Juin

Superbe résumé d'un mouvement qui ne peut se résumer, d'un mouvement qui doit être vécu, d'un mouvement qu'on doit sentir vibrer en soi, à travers les créations découlant de celui-ci. Enrichie d'une multitude d'anecdotes et de mises en contexte, l'œuvre de Peter Biskind est la parfaite introduction aux mondes du mégalomane Coppola, de l'excentrique Friedkin, du timide Lucas, de l'autodestructeur Hopper, du déséquilibré Scorsese et de toute une farandole de figures cinématographiques plus irréelles les unes que les autres.

Vol de nuit
7.3

Vol de nuit (1931)

Sortie : 1931 (France). Roman

livre de Antoine de Saint-Exupéry

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Juin

Saisissant dans sa simple histoire aux multiples points de vue toute la complexité de la dualité humaine (dans ses questionnements et ses doutes), Saint-Exupéry, avec un style littéraire presque alambiqué, parfois ésotérique, mais ô combien sublime, donne naissance à un petit et humble chef-d’œuvre qui aborde finement les divers thèmes parsemant une vie humaine tels le deuil (mais surtout la définition du deuil), la continuation de l’œuvre humaine par l’accomplissement de son travail et la solitude, cheval de bataille de l’auteur. Les images suscitées par la lecture de ce bijou d’écriture ne quittent jamais totalement notre subconscient, hantant pendant longtemps (si ce n’est pour toujours) notre psyché de leur fatale poésie, témoignage du génie de l’ouvrage.

« Il errait parmi des étoiles accumulées avec la densité d’un trésor, dans un monde où rien d’autre que lui, Fabien, et son camarade, n’était vivant. Pareils à ces voleurs des villes fabuleuses, murés dans la chambre aux trésors dont ils ne sauront plus sortir. Parmi des pierreries glacées, ils errent, infiniment riches, mais condamnés. »

Pour un avis plus étoffé, voir ma courte critique.

Roméo et Juliette
7.6

Roméo et Juliette (1597)

(traduction Yves Bonnefoy)

Romeo and Juliet

Sortie : 1623 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Juin

Dans un style enflammé qui fabrique des peintures d’encre et de lettres grandiloquentes où toujours les effusions sentimentales sont à l’avant-plan, Shakespeare met en scène de manière touchante la juvénilité, proclamant à la fois sa grandeur et son imbécilité, scandant son succès face au conservatisme mais décriant ses innombrables défauts : en somme, il encourage, tout génie qu’il est, au changement générationnel et témoigne avec son regard extralucide de la scission culturelle entre deux époques, n’omettant aucun défaut, peu importe le camp. Traitant de l’amour physique, sensuel, celui qui puise ses racines au fond du cœur des amoureux, Roméo et Juliette est un hymne sulfureux et touchant à l’irrationnalité des jeunes âmes qui refusent d’aborder avec philosophie leurs problèmes, choisissant volontairement la souffrance dans le but (peut-être involontaire) de décupler leurs passions. L’amour est ici inextricablement lié à la mort : l’ardeur des sentiments amoureux est telle que ceux-ci ne sauraient subsister, pareils à une chandelle qui, de sa flamme trop excitée, fond en quelques instants. Tirant son absolue beauté dans l’impossibilité de l’entrelacement des trajectoires des protagonistes, Roméo et Juliette, histoire emplie de poésie et d’envolées lyriques enchanteresses, parvient à conjuguer l’extrême candeur de ses personnages à la vision sombre (mais non pas pessimiste, car la souffrance n’est point gratuite et s’avère même au final thérapeutique, apaisant la rivalité des deux familles) de son auteur : l’œuvre, en raison des paradoxes (universels) qu’elle dessine, s’impose comme éternelle. Plus encore : atemporelle.

Cannes au XXIe

Cannes au XXIe (2021)

Sortie : 7 juin 2021 (France). Journal & carnet, Cinéma & télévision, Articles & chroniques

livre de Marc Cassivi et Marc-André Lussier

Émile Frève a mis 6/10.

Annotation :

Juin

Truffé d’anecdotes savoureuses et de simples (mais intéressants) commentaires à propos de nombreux films, Cannes au XXIe est l'imparfait survol (des années 2000 à 2020) du plus prestigieux des festivals de cinéma au monde : le festival de Cannes. Le culte du glamour, les déclarations sulfureuses (gracieuseté de Lars Von Trier), les prises de position publiques comme moteur de changement sociétal, les huées et les salves incessantes d’applaudissements, la fébrilité des premières expériences, les rencontres fortuites avec des sommités dans le monde du 7e art et le dévoilement du très attendu palmarès : le livre co-écrit par Marc Cassivi et Marc-André Lussier (tous deux chroniqueurs de cinéma à La Presse, quotidien francophone ayant un rôle majeur au Québec) parvient à encapsuler parfaitement l’énergie et la magie du Festival de Cannes et ne fait qu’exciter le lecteur quant aux futures éditions à venir du festival (surtout lorsqu’on se penche sur la sélection cannoise 2021…). Sympathique, édifiant, mais bien trop partial pour être mémorable.

Contes de la Bécasse
7.5

Contes de la Bécasse (1883)

Sortie : 1883 (France). Recueil de contes

livre de Guy de Maupassant

Émile Frève a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Juin

« Du lyrisme majestueux dont il se dote au catapultage d’aphorismes savoureux qu’il effectue brillamment, Les Contes de la bécasse, œuvre par moments sulfureuse et à d’autres occasions plus superficielle (encore une fois, l’équilibre est primordial dans la réalisation), est, bien qu’elle n’aspire pas aux mêmes sommets littéraires que Bel-Ami, terrassante d’intelligence, mais surtout profondément humaine, alimentée de défauts comme de qualités qui révèlent un ensemble inégal reproduisant méthodiquement la maladresse existentielle de l’être humain. Parce que la vérité s’échappe de la structure narrative comme le dioxyde de carbone de nos poumons, c’est-à-dire avec une simplicité bouleversante, Les Contes de la bécasse s’inscrit comme l’une des créations les plus harmonieuses du génial auteur qu’est Guy de Maupassant. »

Passage tiré de ma critique; pour plus, voir ma critique.

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